Les enivrés.Ivan Viripaev. Théâtre des Iris.

Avant de parler de la pièce, je voudrais rappeler la présence de ce petit théâtre de Villeurbanne où j’ai toujours vu d’excellents spectacles à chaque fois que j’y suis allée.
"Les enivrés" ne font pas exception. Un texte qui nous renvoie au plus profond de nous-mêmes, magnifiquement mis en scène par Philippe Clement, où chaque rôle est joué avec talent et nuances adéquates.
Effectivement, ils sont tous saoûls. Ils titubent. Ils répètent toujours la même chose et les dialogues sont impossibles parce que chacun reste sur son idée obsessionnelle.
Ils ont bu à l’occasion d’un mariage, de l’enterrement de la vie de garçon d’ un jeune homme travesti qui doit se marier le lendemain, de l’anniversaire de la mort de la mère d’un homme dans le déni de cette mort. La pièce s’ouvre sur la rencontre d’ une jeune femme qui titube avec un homme ivre qui revendique sans cesse sa situation de président d’un festival du cinéma international. Ils plantent le cadre des coïncidences improbables qui jalonnent la pièce. Le destin va croiser les chemins des uns des autres et le nôtre parce que leurs propos répétés et répétés dans leur beuverie nous renvoie aux questions que nous nous posons sur la société, sur nos rapports avec ceux que nous considérons comme des amis et sur l’existence de Dieu. Chacun découvre au fond de lui "des vérités essentielles insoupçonnées".
Chaque changement de scène est ponctué d’une courte projection accompagnée d’une musique subtilement choisie.
On ne s’ennuie pas, on rit. On rit du décalage entre la profondeur des propos tenus et le jeu extraordinaire des acteurs pour incarner cet état d’ivresse.