AD75 section III. Pauline Noblecourt.

Le théâtre de l’Elysée, à Lyon, dans le quartier de la Guillotière est un petit théâtre dont la programmation est de qualité.
AD75 section III ne fait pas exception. Quinze, vingt comédiens, je ne les ai pas comptés. Ils étaient nombreux au milieu des spectateurs, une foule en mouvement pour bien mettre en valeur la confusion de ce procès de Papon en 1998.
Après avoir fait déporter des Juifs pendant la seconde guerre mondiale ,le 17 octobre 1961, il fait jeter en Seine un grand nombre d’Algériens, ( on n’a jamais su le nombre exact. les chiffres officiels sont en-deçà de la vérité) qui manifestaient pacifiquement contre le couvre-feu, pendant la guerre d’Algérie. Sans compter ceux qui sont morts sous les coups des policiers. On félicite le préfet de la Seine. Comme tout ce qui concerne cette guerre, les faits sont étouffés.
On s’étonne que de Gaulle ait pu nommer cet homme à de si hautes fonctions sous prétexte qu’il avait exécuté des ordres. Effectivement, dans une guerre qui ne voulait pas dire son nom, le gouvernement savait qu’il répondrait à l’appel avec zèle et il l’a fait.
La pièce de Pauline Noblecourt mise en scène par Louise Vignaud évoque trois procès. Celui de l’historien Jean-Luc Einodi attaqué en justice par Papon parce qu’il a publié ce qui s’était passé ce 17 octobre 1961, celui de l’archiviste Brigitte Lainé qui a rompu le secret professionnel en divulguant des documents accusateurs pour Papon et celui de Papon lui-même.
A partir de ces non-dits de l’Histoire et sur la mémoire rapportée, déformée et tue, le spectateur réfléchit sur comment on raconte l’Histoire.
Je rappelle à ce propos, que la mémoire et l’Histoire est au programme de terminale et que certains professeurs ne parlent pas de la guerre d’Algérie en disant à leurs élèves que si c’est ce chapitre qui sort au baccalauréat cette année, ils prendront la seconde guerre mondiale puisqu’ils auront le choix.