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Ecrire à partir du jeu de tarot. Ecrire à partir du jeu de tarot.

vendredi 10 octobre 2014 par Elisabeth

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Sabine

CARTE DE TAROT N° 4

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Matin d’octobre, Emilie ouvre la fenêtre, passe le balai sous les meubles du salon.
Son humeur est en diapason avec le brouillard glaçant qui pénètre dans la pièce.
Pas une minute à elle. « Ma fée du logis » aimera à répéter, le soir, son mari, tout en lapant bruyamment sa soupe de poireaux.
Les larmes aux yeux, Emilie empile quelques verres vides, pousse le cendrier rempli de mégots malodorants et ramasse une carte du jeu de tarot oubliée sur le tapis. La veille, Ernest, c’est son mari, a tapé un carton avec ses vieux potes.
Fatiguée, Emilie s’affale sur un fauteuil, et distraitement regarde la carte du jeu. N° 4 Soudain, intriguée par les petits personnages imprimés sur l’image, elle croit apercevoir son Ernest étalé sur une chaise longue, face à Paul, son ami de toujours. Elle regarde de plus près…
« Ah ! ils sont bien ces deux- la , refont le monde une fois de plus, vont encore se coucher au petit matin De quoi parlent-ils ? De politique, bien sûr, de toute façon, ils ne sont jamais d’accord. Les livres de la bibliothèque sont sagement serrés les uns contre les autres. « Tiens, ils n’ont pas retiré leurs chaussures ! Cela m’étonne et Ernest, aurait pu entrouvrir la fenêtre. Le tabac froid m’incommode. Il le sait pourtant !
Triste, Emilie regarde de nouveau les petits dessins de la carte et sur une autre case, se voit en bonne mère de famille : un bébé sur les genoux, tandis que Lucie, sa fillette de six ans souffle dans une flûte.
Le bébé braille. Les yeux dans le vague, Emilie agite distraitement un hochet en forme de papillon. Rien n’ y fait S’ajoute à ces cris, le bruit strident de la flûte, cadeau empoisonné d’une marraine attentionnée… Un désastre, elle n’en peut plus !
« Les hommes ont la part belle décidément » ! Et si je prenais du bon temps pour moi ? Sortir, courir, danser, chanter »
Et c’est ainsi qu’une pauvre carte de tarot oubliée sur le plancher changea le cours de la vie d’Emilie !

Jacqueline

Carte 3

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Comme tous les dimanches, les deux sœurs se préparaient pour leur promenade traditionnelle au parc de la Tête d’Or. C’était le rendez-vous des bourgeois lyonnais du sixième et les jeunes filles à marier pouvaient espérer y rencontrer leur futur parti. Dimanche dernier, elles avaient d’ailleurs croisé un bel officier en uniforme et chacune d’elles se demandait en secret si elle allait le revoir ce jour-là !

Bras dessus, bras dessous, Irma, Joëlle et Denise descendaient la montée Saint Sebastien d’un pas alerte en devisant gaiement. Pour ces ouvrières de la soie, le dimanche était le seul jour chômé et elles se faisaient belles pour l’occasion : toutes trois avaient sorti leur châle en soie, bleu pour Irma, rose pour Joëlle et or pour Denise. A mi-pente, elles croisèrent un bel officier mais ce dernier ne daigna pas tourner la tête et continua son chemin vers le Plateau.

Au moment où elles dépassaient le quatuor des messieurs, les deux sœurs virent l’officier se détacher du groupe et se tourner dans leur direction. Leur sang ne fit qu’un tour mais n’osant réagir, elles s’immobilisèrent dans l’attente d’un signe de lui. Ce dernier, jambes légèrement écartées, bras derrière le dos ne bougeait pas quand soudain, elles virent son regard glisser sur elles pour suivre attentivement la jeune femme qui venait de passer derrière elles en vélo !

Elles se retournèrent en riant et quelques mètres plus loin croisèrent une jeune femme vêtue comme elles d’un châle bleu au-dessus d’un calicot jaune vif qui semblait suivre l’officier. Les voilà parties à échafauder un roman. Pour Irma, c’était clair, ces deux-là étaient amants. Pour ne pas attirer l’attention, ils se suivaient à quelques mètres, l’un de l’autre comme s’ils ne se connaissaient pas. « Mais non » rétorqua Joëlle « c’est elle qui le suit sans qu’il ne se rende compte de rien ! ». « Qu’est-ce que vous allez imaginer, toutes les deux ? » s’indigna la sage Denise, « Elle remonte tranquillement chez elle, après sa promenade dominicale au Parc. ».

Amis, lecteurs, vous qui avez connaissance des deux côtés de la carte, qu’en pensez-vous ? Laquelle des trois amies est la plus proche de la vérité ? Avez-vous une autre hypothèse à nous proposer ???

Elisabeth

Une partie de campagne. Carte No 11

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Eglantine proposa : « et si on allait déjeuner sur l’herbe ! Il fait si beau ! »
Sa mère, Madame Rousseau, donna aussitôt son approbation et pendant qu’Eglantine préparait les paniers, elle courut chercher son chapeau de paille au large ruban vert surmonté d’un bouquet de fleurs, son ombrelle et sa pèlerine jaune d’or au cas où le fond de l’air serait frais..
« Je suis prête. » cria t-elle.
Eglantine, ses parents et le commis, son fiancé prirent le train gare Saint Lazare et descendirent à Argenteuil. Ils marchèrent jusqu’aux bords de Seine.
« On pourrait s’arrêter ici. C’est si charmant. »
Eglantine posa son panier et s’installa sur une souche tandis que ses parents s’asseyaient dans l’herbe et Léon, le commis, son fiancé, s’étendit un moment.
Un observateur, extérieur à la scène, aurait pu penser « au déjeuner sur l’herbe » de Manet bien que la jeune fille gardât sa jolie robe rose à volant et que sa mère ne se baignât pas dans la rivière à l’arrière-plan. Quant à Léon, il somnolait alors que le personnage allongé de la toile prend part à la conversation. Cependant, la disposition des personnages rappelait l’œuvre qui avait fait scandale.
On ouvrit les paniers. On dégusta la terrine préparée par Madame Rousseau la veille, le jambon de pays, la salade de pommes de terre à l’ail, la tarte aux abricots réalisée le matin même par Eglantine et on but un délicieux côte de Beaune.
Soudain, un élégant jeune homme apparut sur le chemin. Il portait une petite malle en bois. Il salua la famille avec courtoisie et continua sa route.
Eglantine aurait aimé qu’il s’arrêtât un moment ; un homme si élégant doit avoir de la conversation. Elle rêva. Elle revit les images qu’elle s’était forgées quand elle avait lu « une partie de campagne » de Maupassant. Elle avait tant d’empathie avec Henriette.
A la fin du repas, elle annonça qu’elle allait marcher un peu et qu’elle reviendrait chercher un panier si elle trouvait des mûres ou des fraises des bois.
Elle ne revint pas de si tôt.
Madame Rousseau avait rangé les couverts et les restes du festin. Tout le monde s’impatientait. On allait manquer le train et le suivant les ferait arriver tard à Paris.
« Que fait elle ? Où est-elle ? Par où est-elle passée. Il valait mieux l’attendre au même endroit.
On attendit encore puis Madame Rousseau partit à la recherche de sa fille.
Elle n’était pas très loin.
Elle souriait, assise lascive, dans une barque. Au bord du fleuve, l’élégant jeune homme de tout à l’heure s’affairait entre son chevalet et sa palette.
Rouge de colère, Madame Rousseau interpella grossièrement sa fille. Eglantine se leva avec résignation, rejoignit avec grâce la berge, rendit au peintre le canotier qu’il lui avait prêté pour les circonstances et le remercia de cet instant merveilleux qu’elle venait de vivre.
- « Au revoir Mademoiselle Eglantine.
- Au revoir Monsieur Caillebotte. »

Marylène

Le 1° octobre 2014 (jeu de tarot carte 15) Marylène et son grand père

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tarot 15

Il faisait beau ce matin là. Le soleil déversait des quantités de lumière sur les arbres du verger de mon grand père. L’humidité du matin faisait briller les herbes folles et les feuilles des arbres centenaires exubérants chargés de fruits comme des promesses.
A leur âge, c’était merveille.
Je poussai doucement le portillon du jardin qui grinça à peine. Les volets de la grande maison de pierre étaient presque tous fermés, seule en bas, la fenêtre de la salle à manger laissait entrevoir un peu de clarté.
La porte d’entrée s’ouvrit de l’intérieur, ma mère, les yeux las me serra dans ses bras, me prit par la main et me guida comme une petite fille jusque dans la chambre de mes grands parents.
Eclairée seulement par quelques bougies, persiennes closes, la pièce était sombre, je vis la silhouette noire de ma grand mère qui semblait dormir dans son fauteuil auprès du grand lit blanchâtre.
Je m’approchai, ma grand-mère ne bougea pas plus que mon grand père qui reposait là pour son dernier sommeil.
Il était beau, le visage lisse, clair, la barbe blanche touffue, les moustaches peignées, il était raide comme une statue. D’ordinaire les statues se dressent verticalement solides sur leur socle de marbre ou de granit, au milieu du monde, le dominant ou l’observant dans toute leur majesté. Aujourd’hui grand père était comme une statue renversée et grand mère qui pleurait silencieusement, semblait partie ailleurs.
Je l’embrassai distraitement.
J’avais beaucoup aimé ce grand père qui avait toujours émergé comme un phénomène dans notre famille.
C’était mon artiste préféré, petite fille je l’accompagnais souvent dans ses folles aventures picturales. Il choisissait le lieu avec soin et posait chevalet et pliant au détour d’une haie, à l’abri des regards étrangers, j’étais son unique spectatrice, je m’asseyais derrière lui et je regardais …
Plus tard il avait décidé de se mettre au gout du jour et avait acheté un appareil photo. Il faisait des expériences nombreuses et me prenait pour témoin. J’avais grandi et je lui faisais commentaires et critiques, parfois je posais pour lui, nous parcourrions ainsi les recoins du jardin et du verger pour trouver la lumière et le point de vue idéal.
A chaque visite il me semblait rajeunir avec toutes ses couleurs et son émerveillement insatiable devant la nature.
C’est ainsi que j’ai passé les dernières années de mon adolescence à ses côtés, loin et proche, jusqu’à ce jour fatal où il a définitivement fermé les yeux.

Myriam

Chapitre oublié des malheurs de Sophie

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tarot myriam

Chaque mois, monsieur de Réaumur, donnait des étrennes à ses petits-enfants, Paul et Emile. Comme c’était un homme bon et généreux, il donnait aussi une belle étrenne à Sophie que sa belle-fille Mme de fleurville avait accueillie chez elle, après le départ forcé de ses parents en Amérique.
− Merci, Monsieur dit sophie, en prenant la pièce de cinq francs.
− tu n’as pas l’air contente Sophie
− Monsieur, est-ce que je pourrais avoir un habit de soldat et un fusil comme mes cousins ? S’il vous plait, Monsieur, j’aimerais tant posséder un fusil !
− Ah ! Ah ! Ah ! sophie ! quelle idée ? les femmes ne font pas la guerre ! à quoi te servirait un fusil ?
− Pourquoi les femmes ne font pas la guerre ?
− Sophie, le Seigneur a ordonné toutes choses, il a donné la force aux hommes et la douceur aux femmes. Le devoir des femmes est de soigner les enfants, d’embellir la maison de leur présence pour le bonheur de leur mari.
− J’ai de la force et du courage, dit Sophie en pensant pour elle-même qu’elle n’avait pas beaucoup de douceur.
− Décidemment Sophie tu n’es pas raisonnable ! J’ai à parler avec tes cousins, va donc auprès de ta bonne.
− Sophie, mécontente, alla voir sa bonne qui lui proposa de lui lire un livre pendant qu’elle cousait. Mais c’était un livre de petites filles modèles et cela l’ennuyait.
− Elle sortit sur la terrasse donnant sur le jardin et vit le fusil de son cousin Paul oublié sur la balustrade. Moi aussi je peux me servir d’un fusil, se dit-elle, ce n’est pas difficile. Elle se mit à viser comme elle avait vu faire à son cousin Paul et tira. A ce moment-là, le jardinier qui travaillait sortit de derrière la haie. Sous l’effet des petits plombs son chapeau tomba et il poussa un cri de terreur qui attira Madame de Fleurville. Apercevant Sophie celle-ci s’écria :
− Sophie qu’as-tu encore fait ?
− Je voulais juste essayer le fusil dit Sophie, honteuse.
− Tu aurais pu blesser gravement ce pauvre jardinier, dit Madame de Fleurville, c’est une faute grave, va dans ta chambre rejoindre ta bonne, jusqu’à ce que je vienne te voir.
− Sophie fit la moue, et se dirigea vers sa chambre.
− Qu’avez-vous, mademoiselle Sophie, avez-vous fait encore une de vos bétises ? lui demanda Jeannette, sa bonne,
− J’ai tiré avec le fusil de Paul, Madame de Fleurville dit que j’aurais pu blesser notre pauvre jardinier.
− Vilaine fille, qu’avez-vous donc en tête !
− Je voudrais jouer comme les garçons...
− Ah ! Ah ! Ah ! Sophie vous êtes une petite fille et rien n’y peut changer. Vous allez devenir une belle demoiselle, vous ferez un beau mariage et vous aurez une grande et belle maison.
− Je ne veux pas me marier, les garçons sont tous bêtes.
− Sophie, ne dites pas de sottises et pensez à la chance que vous avez. Regardez-moi, je n’ai rien et je dois vivre chez les autres. Pour gagner mon pain, je fais de durs travaux et quand je suis fatiguée et que je m’assois, il me faut prendre un travail d’aiguille. Si Madame de Fleurville me voyait assise sans rien faire, elle me renverrrait, pour sûr !Ah ! si j’avais un peu d’argent je retournerai au village épouser mon ami Pierre qui est journalier.
− Oh ! ma chère bonne, que vous êtes malheureuse ! dit Sophie qui avait un bon coeur. Pour mon anniversaire, Monsieur de Réaumur me donnera une pièce d’or, et Madame de Fleurville me donne parfois quelques pièces quand j’ai été bien sage, je vais mettre tout cela dans ma tire-lire pour vous le donner et vous pourez épouser votre ami Pierre !
Merci Sophie, tu as un grand coeur, mais je ne crois pas que Madame de Fleurville le permettrait . Si Dieu veut, dans deux ans, en économisant sur mes gages, j’aurais arrondi mon petit pécule, et j’épouserai Pierre.


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