L’empreinte à Crusoé.

C’est une nouvelle robinsonnade que nous propose Patrick Chamoiseau.
Robinson a perdu la mémoire au cours du naufrage. Il ne sait ni où il est ni comment il y est arrivé. Ce qui compte d’abord, c’est sa survie. Il s’installe. il pense dominer l’île.
Il tient un journal.
Au cours d’une promenade, il découvre le bateau. C’est pour lui une explication à sa présence dans l’île, mais aucun souvenir ne surgit.
Un matin, il découvre des traces de pas sur le sable. Est-ce Vendredi ? Quelle sorte de Vendredi ? Je vous laisse le découvrir après de longues marches en compagnie de Robinson. Je vous dis pas non plus la fin, c’est comme la chute d’une Nouvelle.
Si j’ai une critique négative, c’est sur la longueur. L’écriture est très belle. Au début, Nous sommes charmés par les descriptions très poétiques des paysages traversés par Robinson. Au bout d’un moment le suspens l’emporte et nous voudrions savoir qui est ce Vendredi qui se dérobe sans cesse et les longues pages descriptives lassent.
Voici deux extraits. L’un,descriptif ; l’autre, introspectif.

"Je n’en finissais pas d’être enivré par des flots de senteurs ; chaque endroit imposait la sienne ; le vent les mélangeait sans amoindrir leurs singulières intensités ; des dizaines de fragances demeuraient immobiles au-dessus d’un marigot, à l’aplomb de ramures de manioc, sur des rocailles ensoleillées où ondulaient des herbes de citronnelle..."

"dans les sous-bois touffus, certaines pénombres très moites soulevaient en moi des geysers d’émotion ; elles me renvoyaient à un monde étranger ; celui du bateau avec lequel j’avais refait mon existence était bâti de sources paisibles, de prés charmants, de châteaux, de villes...L’autre monde qui surgissait en moi dans ces pénombres humides se constituait de savanes roussies, de rivages s’ouvrant sur des mers déchainées, des rivières aussi démesurées que des fleuves et des fleuves semblables à de vastes océans..."