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L'humour dans l'enseignement L’humour dans l’enseignement

jeudi 1er mai 2014 par Elisabeth

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L’humour et l"enseignement de la langue française

Le professeur, quelle que soit la matière qu’il enseigne, monte sur les planches à chaque cours. Ce que l’on appelle le cours de français a un statut particulier. C’est le cours le plus proche du théâtre. Le professeur y déclame des vers, y joue des pièces ou les fait jouer par les élèves, y profère des règles de grammaire ou d’orthographe avec emphase.

Le spectateur-élève, avant d’écouter ce que dit l’acteur-professeur, regarde comment il est vêtu.
L’élégance est souvent un facteur-lien.
Ensuite, il observe son physique, ses tics gestuels, ses habitudes syntaxiques, les mots qu’il répète.

Le « professeur de français » feint d’ignorer cette observation ; son cartable et sa tête sont pleins de répliques prêtes à sortir au moment voulu.

La pauvreté du vocabulaire de la plupart des élèves conduit à des situations d’écriture et de compréhension qu’il vaut mieux regarder avec humour.

S’il est une langue atone, le français, en revanche, est une langue complexe.
Les quiproquos sont nombreux lorsqu’on passe de l’oral à l’écrit.
Demandez à un fils de charcutier s’il a déjà vu des Boudin. La réponse lui paraît évidente et la question saugrenue ; et pourtant, s’il ne s’intéresse pas à la peinture, il n’en a surement jamais vu.
Un enfant, comme le raconte G. Rodari, écrira « l’étoile de seize ânes » pour « les toiles de Cézanne ». La première écriture ne manque pas de poésie.
Il peut également écrire « l’étoile d’araignée »
Victor Hugo lui même s’en est amusé avec son « vieillard en sort ».

Il peut paraître cruel de punir un élève qui a écrit ce qu’il entendait. Ce que l’on sanctionne, c’est l’absence de raisonnement. Selon le contexte, on ne peut pas écrire l’un à la place de l’autre sans contre-sens.

Récemment, je faisais réciter une leçon de géographie à une élève de 6e.
Malgré la carte, elle ne comprenait pas la phrase suivante : « Chicago est un carrefour de voies ferroviaires et aériennes. ». Elle ignorait le sens du mot carrefour, elle ne voyait pas ce que la chaine de distribution venait faire dans les voies de communication de Chicago.

Moi-même, élève, n’ayant jamais entendu le prénom Otto, j’avais écrit lors d’un cours d’histoire Auto de Bismarck.

Comment enseigner le « français » avec humour

La façon la plus simple est le choix des textes.
J’ai monté avec des élèves de sixième des pièces de Tardieu, extraites de « ce que parler veut dire » Ils y trouvaient beaucoup de plaisir.
Avec des élèves plus âgés, j’ai étudié « le baron perché » de Calvino. Ils m’ont dit attendre avec impatience le cours suivant.
Je n’oublierai pas mon compatriote, Maupassant et son « aristocratie de la charrue ».

Il ne faut pas oublier que les élèves ont aussi de l’humour.
Si j’ose dire que la mort de Molière sur scène est « une belle mort » comme celle de Charles Hernu, un élève me demande si je souhaite mourir en classe. Un autre réplique « oh non ! On ne saurait pas quoi faire. »

Pour aider les élèves à manier la bonne orthographe et les jeux de mots, il faut les écouter et comprendre ce qui se passe dans leur tête avant de plaquer des règles rédigées il y a quatre siècles dans un jargon qui leur échappe. C’est comme une traduction.
Jaques Salomé nous donne des pistes de réflexion avec son « t’es toi quand tu parles ou jalons pour une grammaire relationnelle. »
La transmission du savoir passe obligatoirement par le relationnel.
Or l’humour est un « relationnel » et il peut mieux faire passer les apprentissages que les leçons rigoureuses aussi intéressantes soient-elles.
Un enfant retiendra ce qui a du rythme, comme les tables de multiplications ou mon, ton, son, ma, ta, sa, mes, tes, ses…Ou mais ou et donc or ni car…
Quand il s’agit d’ajouter de la difficulté, autant choisir un exercice qui l’amusera, donnera libre-cours à son imagination mais fixera des règles comprises et intégrées.
J’ai souvent puisé chez les « Oulipo » des exercices de grammaire ; chez R.Queneau en particulier, le S+7 ou les exercices de style.

En conclusion l’humour est une ouverture sur les enseignements parce que « le rire est le propre de l’homme ». Enseigner avec la BD et l’image ouvre l’esprit parce que cela correspond aux critères des élèves d’aujourd’hui et notre rôle est de les aider à faire les transferts de connaissances par le sourire. Les célèbres Iznogoud et Iznotsobad permettent même les changements de langue.


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