Accueil > Ecriture > Mes écrits > Romans > Le thé des écrivains. Chapitre VIII. Les Arts ménagers.

Le thé des écrivains. Chapitre VIII. Les Arts ménagers. Le thé des écrivains. Chapitre VIII. Les Arts ménagers.

mardi 24 novembre 2015 par Elisabeth

Pas de message pour cet article

Le téléphone sonna. Cet engin de communication était un mangeur de temps.
Elise se rappelait comme il était difficile d’obtenir une ligne téléphonique dans sa jeunesse ; il fallait attendre des mois. A présent quarante huit heures suffisaient.
De fil en aiguille, elle repensa au salon des Arts ménagers. C’était peut-être ça la première pierre de la société de consommation, même sûrement ça. Ces cuisines de rêves où il n’y avait qu’à appuyer sur un bouton pour que le café fût moulu sans tourner la manivelle, le linge lavé sans rougir les mains, les aliments au frais sans attendre le marchand de glace.
Le moulin à café électrique était entré dans la maison bien avant le salon des Arts ménagers. Il était venu des Etats-Unis par la soeur de sa mère. C’était chic à l’époque d’avoir une tante d’Amérique. Tante Gisèle était partie après maintes aventures finir ses jours là-bas. Voulait elle oublier quelque chose ? Oui. Un amour déçu.
Gisèle était veuve. son mari était mort lors d’un bombardement. Elle avait pu l’identifier grâce à ses chaussures. il ne restait que cela.
A la fin de la guerre, elle avait rencontré un restaurateur de renom. Toute la famille était dans la restauration, sans concurrence parce que les styles étaient différents.
Après cinq ans de guerre, de privation, de tristesse et d’angoisse, on avait envie de s’amuser. Le restaurant de Jean, l’ami de Gisèle s’appelait "la Paix". Tout un programme !
On dinait, on dansait. orchestre de jazz comme à Saint Germain des prés.
Une fois de plus, voici la preuve que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Jean était marié. Séparé de sa femme mais pas divorcé. Il ne pouvait pas épouser Gisèle.
Ils vécurent donc dans l’illégalité pendant une dizaine d’années.
Un jour, Françoise, la soeur de Gisèle, mère d’Elise, vit dans le journal local l’annonce du divorce. Elle s’empressa de dire à sa cadette : "Alors, vous allez vous marier ?
- Pourquoi ? Tu sais que c’est impossible.
- J’ai vu dans le journal que Jean était divorcé.
Son sang ne fit qu’un tour. Sans répondre quoi que ce soit à sa sa soeur, elle fit ses valises et partit à Cannes.
Elle rencontra un homme très amoureux d’elle. Elle l’épousa à la fin de l’été. Il l’emmena aux Etats-Unis.
Se marier sur un coup de tête, ça ne peut pas marcher. Déjà, quand on croit s’aimer ça ne fonctionne pas toujours bien, alors !
Ils restèrent mariés, bons amis.
En fait, il était homosexuel. Il avait cru que c’était fini quand il était tombé amoureux de Gisèle - parce qu’il était réellement amoureux d’elle- mais c’était une erreur.
Elle prit un amant dont on disait qu’il avait plus d’alcool dans le sang que d’hémoglobine.
Par ironie du sort, le mari et l’amant moururent à quelques mois d’intervalle.
Gisèle, qui n’avait jamais travaillé de sa vie dut apprendre un métier à soixante ans.
A l’âge où tout le monde envisage de prendre sa retraite, Gisèle entait dans la vie active.
Elle fut embauchée comme vendeuse dans une boutique de vêtements. Cela lui convenait parce qu’elle était très élégante. N’oublions pas qu’elle était Française, elle colportait ainsi la "french fashon".
La maladie d’Alzheimer eut raison de son esprit.
Une erreur de numéro de téléphone avait emmené Elise dans la vie de celle qu’elle appelait : Ma Tante d’Amérique.


Ecrire un commentaire sur l'article ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n'apparaîtra qu'après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.