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le thé des écrivains. Chapitre XXIV. Le Christ dans la peinture. le thé des écrivains. Chapitre XXIV. Le Christ dans la peinture.

dimanche 8 novembre 2015 par Elisabeth

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Lorsqu’elle était enfant voire très jeune enfant, Elise avait peur d’un crucifix accroché au-dessus du lit de ses grands-parents. Il l’impressionnait parce qu’il était sombre, le bois de la croix était marron foncé et le corps du Christ, noir. Par ailleurs elle imaginait la souffrance de cet homme sans la comprendre. Elle ignorait son identité et elle se demandait ce qu’il faisait là.
Elle n’avait jamais révélé ni ses peurs ni ses interrogations à qui que ce soit.
Elle avait gardé une sorte d’angoisse face à la croix lorsque elle visitait une église.
Comme tout le monde, à cette époque là, elle était allée au catéchisme et loin de l’éclairer, cela avait multiplié ses questions.

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Christ. Dali.

Immédiatement, elle avait rejeté ce « Dieu de bonté » qui laissait faire tant d’injustices et tant de mal sur terre. Il avait lui-même été injuste avec Caïn ; pourquoi refusait-il ses offrandes ? Il avait péché par orgueil en s’opposant à Lucifer. Il avait abusé de sa puissance avec Adam et Eve en leur interdisant de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, afin qu’ils ne soient pas son égal.
Et lui, sur sa croix comment avait il sauvé le monde alors que les guerres continuaient, les famines, les injustices sociales également ? Il était mort pour rien. Comment pouvait il être tantôt homme, tantôt Dieu ?

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crucifixion.

De sept à treize ans elle avait rejeté tout cela en bloc. Il ne fallait pas lui parler de religion catholique.Elle la rendait responsable de bien des maux. Elle lui reprochait l’Inquisition, les croisades, les guerres de religion contre les Protestants....

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La pieta d’Avignon. E. Quarton.

A treize ans, elle ressentit une vive émotion devant « la piéta d’Avignon » de Maitre Enguerrand Quarton. Tout se mélange, la représentation figurative d’une mère dans la douleur, la douleur de cette mère-là dont le fils a eu une mort cruelle, injuste et symbolique. La lumière de l’or et de la blancheur du Christ en opposition au noir du voile de Marie. Ce tableau n’était jamais sorti de sa mémoire. Il était devenu le socle de ses réflexions concernant le Christ. Pourquoi tant d’émotion ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il a existé. Qui était-il ? Qu’avait il compris qui a tant dérangé les Juifs et les Romains ? Qu’avait il compris que nous ne savions toujours pas expliquer deux mille ans après ?

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Christ en majesté.

Quels sont ces symboles qu’Elise avait niés à son entrée au catéchisme alors qu’elle les retrouvait sans cesse dans la littérature et dans la peinture ?
La Bible dans son intégralité mais particulièrement :
Le Paradis perdu
La tentation
Les nombres : 1. 3. 4. 7. 12. 40
Le déluge
La Cène
Les épisodes de la Passion
La crucifixion

A l’hiver de sa vie, pour garder la formule euphémique mais traditionnelle, elle souhaitait éclaircir quelques points. Sans l’illusion de tout déchiffrer, elle espérait parvenir à établir une logique qui répondrait aux questions cruciales de notre vie :
Qui sommes nous ? D’ou venons nous ? Où allons nous ?
Elle partirait en paix.

"Comment m’y prendre ? Se demandait elle.
Chronologiquement ? C’est à dire les représentations du Christ de l’Art paléochrétien à nos jours ?

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crucifixion.

Sentimentalement ? Quelles toiles l’avaient marquée, bouleversée ? Celles qu’elle regardait souvent, avec appréhension encore mais avec un plaisir esthétique ?
Comparativement ? comme l’exposition de la « National Gallery » de Londres qui s’autorisait à comparer les représentations du Christ avec celles de martyrs profanes tels que Marat, les Poilus de la Guerre de 14, Che Guevara…."

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Che Guevara

Autre question, pourquoi sur trente –trois ans de vie ce sont les quatre derniers jours qui ont le plus marqué ?
Elle avait bien envie de répondre que ce sont ceux qui nous donnent mauvaise conscience.
N’aurions nous pas laissé Pilate et le prêtre Hahn à leur décision en « nous lavant les mains » ? Fils de Dieu ou pas on a assassiné un homme avant qu’il nous révèle qui nous sommes. Une fois de plus, l’accès à la connaissance du Bien et du Mal avait été refusé à l’Homme.

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L’arrestation du Christ. La Carravagge.

Une lucidité contraire aux ambitions politiques des uns et des autres nécessitait elle tant de souffrance ? Souffrance morale et physique pour le supplicié, souffrance morale pour la mère, l’épouse et les fidèles ?

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crucifixion. Ph. Champaigne

Sa crucifixion s’exécute au fond de nous comme si nous y assistions. Elle est entrée dans la conscience collective, croyants ou athées. C’est un fait historique qui nous HANTE depuis deux mille ans.
Il avait joué un rôle trop important dans la peinture pour ne pas lui accorder un long passage dans ses écrits.
Comme l’Art était absent de la Bible et des Evangiles, Elise pensait que c’était un cadeau de Dieu aux artistes, en les autorisant à recréer un monde symbolique pour expliquer les paraboles et les allégories divines.

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La Cène. Dali.

"L’Eglise a fait alliance avec vous" disait le Pape Jean Paul II.
L’Art illustre le paradoxe du Dieu spirituel qui a voulu prendre une forme matérielle.
Saint Jean Damascène répondait à l’empereur byzantin Léon III, iconoclaste, " Puisque Dieu a été vu dans la chair et qu’il a vécu parmi les Hommes, je représente ce qui est visible de Dieu".

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Le triomphe de l’Art. Overbeck.

L’originalité vient de la conviction de l’artiste d’être guidé par l’esprit, lequel révèle le sens des Ecritures mais en suggère sans cesse des lectures nouvelles.
Dès le Haut Moyen-Age, le Christ est représenté.

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Christ Pantocrator. Sinaï

Dans des scènes racontées dans les Evangiles, des nativités, des flagellations, des crucifixions et des descentes de croix.
Il avait inspiré des peintres révoltés comme les Surréalistes, Dali en particulier, Au XXIe siècle, alors que la foi chrétienne était en baisse, on le peignait encore, on le sculptait, il demeurait le symbole de la souffrance, du sacrifice, de la rédemption.

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la Cène. Dali.

On le retrouvait dans la littérature, réincarné maintes fois.
On attendait qu’il donnât. On oubliait par quelle angoisse il avait été traversé. Et sa mélancolie sur la croix, entre terre et ciel, entre la souffrance du corps et le regard tourné vers l’au-delà ?
L’Eglise catholique, institution politique, avait détourné ses paroles mais les peintres la lui avaient rendue à travers leur oeuvre.

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triptyque.

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