Voile toi la face, ô muse des typographes !

Mesdames, pendant des années vous avez traqué la moindre faute de l’imparfait du subjonctif, la dictée de Mérimée n’a jamais eu de secret pour vous... Mais voilà, parce que vous vivez une époque moderne vous avez troqué votre stylo pour un clavier et ces fautes de typographie, autrefois invisibles sur un manuscrit, viennent maintenant défigurer vos plus beaux textes !
Car bien sûr, depuis Gutenberg, la typographie a ses règles tout aussi strictes que celles de l’orthographe ou de la grammaire. Et la moindre faute vient défigurer une page imprimée au même titre qu’une verrue sur le nez vient détruire l’harmonie d’un beau visage...

Pour éviter cette erreur je vais rappeler les principales règles typographiques, qu’il vous faudra évidemment appliquer avant d’envoyer un texte sur le blog d’Elisabeth (surtout si elle me demande mon aide pour la mise en page, ce qui, je dois dire, devient très rare).

 Majuscule
Toute première phrase ou toute nouvelle phrase suivant un point doit commencer par une majuscule.
Parfois on souhaite que la première phrase d’un paragraphe fasse l’objet d’un retrait de première ligne. Oubliez cette règle qui ne s’applique pas sur internet (ce que Gutenberg ignorait). Et surtout, avec Word, ne simulez pas ce retrait avec des espaces, l’horreur !

 Le point et la virgule
Il ne doit pas y avoir d’espace avant mais un espace après. Ainsi, bien sûr, que vous pouvez le constater sur cet exemple.

 Le point virgule
Il tend à tomber en désuétude mais peut être pratique pour compléter une idée sans pour autant ouvrir une nouvelle phrase.
En tous cas il nécessite un espace avant et un espace après ; comme vous pouvez le constater ici. Après un point, on met une majuscule mais il n’y en a pas après le point virgule.

 Les deux points
Venant illustrer un point de vue précédent, ils nécessitent un espace avant et un espace après : c’est une nécessité. Après les deux points, pas de majuscule.

 Le point d’exclamation et le point d’interrogation
Ne jamais les accoler au dernier mot de la phrase. Ils nécessitent un espace avant et un espace après ! En douteriez-vous encore ? Je ne peux le croire ! Et bien sûr, après chacun d’eux, une majuscule !

 Voulez-vous un moyen mnémotechnique ?
- Pour les caractères typographiques à un seul signe (le point ou la virgule), il ne faut qu’un seul espace (situé après, bien évidemment).
- Pour les caractères typographiques à deux signes (le point virgule, les deux points, le point d’exclamation et celui d’interrogation), il faut deux espaces, l’un avant et l’autre après.

 Un problème épineux
La règle voudrait qu’après une conjonction de coordination (mais où est donc passé ce farceur d’Ornicar ?), on ne mette pas de virgule.
C’est régulièrement un sujet de débat avec Jacqueline qui veut appliquer cette règle dans toute sa rigueur !

Et moi je prétends que dans certains cas, rares il est vrai, cette règle introduit une ambiguïté dans la compréhension de la phrase, levée par l’emploi judicieux d’une virgule.
« Je suis un peu faible pour courir, et marcher le long de la plage, c’est pénible. » Certes je suis encore un peu faible pour courir mais c’est de marcher le long de la plage qui m’est pénible.
« Je suis un peu faible pour courir et marcher le long de la plage, c’est pénible. ». C’est à la fois de courir et marcher le long de la plage qui m’est pénible !