L’Art des invasions barbares à l’Art roman.

L’Art et les invasions barbares

Ceux que les Grecs et les Romains appelaient les Barbares et que nous appelons aujourd’hui les Germains, n’étaient pas que des brutes incultes comme on a tendance à le dire. Ils ont apporté dans leurs conquêtes un peu de leur culture.
Ils savaient travailler les métaux et les pierres précieuses. Les ornements vestimentaires, en particulier les fistules qui retenaient les manteaux, illustrent la technique du "cloisonnement", c’est à dire l’insertion de pierres précieuses dans de fines cavités d’or.
Les formes sont géométriques avec courbes et entrelacs. C’est un art qui repose plus sur le symbole que sur le réalisme,
Il faut rappeler ici qu’ils entretenaient pour la plupart d’entr’eux des rapports avec l’Empire romain, bien avant la grande invasion du Ve siècle et que des échanges culturels avaient eu lieu, notamment au niveau de l’architecture. Les Germains admiraient les constructions romaines et les imitaient.

Les " Barbares" et l’Europe

Ces tribus germaines, qui ont participé à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident ont elles contribué à la construction de l’Europe ? La réponse semble négative parce qu’elles se sont installées dans différentes parties de l’empire en créant un royaume goth, un royaume wisigoth, un royaume burgonde ….Des royaumes indépendants sans unité.

Clovis et l’Europe

La conversion de Clovis roi des Francs, en 498, a joué un rôle prépondérant dans l’histoire européenne parce que les Francs occupaient une grande partie du territoire en "Europe" occidentale. Devenu chrétien, Clovis s’allie au pape et remporte des victoires sur les Wisigoths en Aquitaine, les Ostrogoths en Provence, il conquiert le royaume des Burgondes ; plus à l’Est, les Thuringiens, les Alamans et les Bavarois passent sous contrôle des Francs.
Clovis n’est pas comme Constantin le maitre d’oeuvre de tous les édifices qui vont se construire pendant et après son règne, cependant, sa conversion va contribuer au développement du christianisme parce que les Francs ont laissé une grande autonomie aux tribus conquises mais le charisme du roi a dominé et les conversions du paganisme au christianisme ont été nombreuses.

L’Art roman et L’Eglise chrétienne

Jean François vous a raconté ce qui se passait sur un plan historique. L’Art religieux continue à se développer.

De Clovis à Hugues Capet en passant par Charlemagne, l’Eglise organise ses rites, ses cérémonies, ses chants. Elle s’établit comme un ordre esthétique à travers toute l’Europe, qui se traduit par l’architecture romane des églises.

 L’émulation dans toute l’Europe

Aux environs de l’an 1000, l’Art, surtout l’architecture, fait naître une forte émulation dans tous les pays d’Europe. Chaque communauté veut posséder la plus belle église.

Il serait erroné de penser comme l’ont dit certains historiens que l’Art Roman est né en Méditerranée, en Italie et en Catalogne puis a progressé vers le Nord et l’Est. Il s’est répandu simultanément à travers l’Europe , au Nord comme au Sud.
Rien n’est trop beau pour Dieu.
La foi chrétienne pousse à l’audace. On élève des cathédrales pour montrer une grandeur architecturale et spirituelle. L’occident se sent la force d’être le maitre du monde, guidé par la foi.
Le moine Raoul Glaber écrit :" la troisième année qui suivit l’an 1000, on vit sur toute la terre réédifier les batiments des églises."

 Les caractéristiques architecturales

types de voûtes

Ce qui caractérise l’Art Roman, c’est une technique particulière de la construction et de la décoration murale, les structures voûtées sont à présent mesurées et la couleur comme dans les églises byzantines joue un grand rôle.

L’extension de la voûte à toute la surface de l’église a des conséquences esthétiques. C’est le moteur d’une mutation stylistique.

Les églises sont construites en croix latine, une longue nef et un court transept. L’entrée au tympan sculpté est majestueuse, l’abside se situe derrière l’autel.

On peut constater en comparant ces deux plans que les premières églises étaient à base rectangulaire, comme les péristyles romains. Le second plan met en évidence l’évolution architecturale. On voit la forme en croix et l’abside.

 Le développement des monastères

Parallèlement à ces églises et ces cathédrales, avec l’évangélisation, les monastères se multipient. Ce sont d’immenses batisses en pierre construites loin des villes, dans des paysages splendides et sereins qui invitent à la prière et à la méditation.

Peintures et sculptures dans l’Art roman

 La peinture

Sur les pas de l’Art paléochrétien, la couleur joue un rôle important dans l’Art Roman. La peinture est faite pour instruire, rappeler le passé, embellir et procurer de la joie esthétique. Elle rappelle les écrits de l’Histoire Sainte, de l’ancien et du nouveau testament.

 Les caractéristiques de la peinture

La fresque est la technique la plus employée, elle permet de recouvrir ces hauts murs voûtés. Souvent le Christ en majesté, réplique du tympan est peint sur la fresque de l’abside.

La peinture romane n’a aucun réalisme, les visages sont des formes géométriques, les couleurs ont un rôle symbolique.

 La sculpture

La sculpture est essentiellement liée à l’ornement des églises. Il est difficile d’établir un style typiquement roman. Longtemps encore, les canons de l’Art antique tardif ainsi que leurs motifs sont présents. On peut penser que c’est l’expression de l’ancienne unité méditerranéenne. L’Art roman perpétue un décor de fleurons, de rinceaux et de feuillages. Les sculptures sont très stylisées, de faible relief. Ce sont des éléments incrustés et non taillés dans l’espace architectural, linteaux, tympans...
A partir du XIe siècle, le style évolue et la représentation de l’Homme s’intensifie mais elle est encore très stylisée.

 Les reliques

L’effervescence de cette foi a des revers. En plus de la Sainte Trinité, on adore les saints et on leur voue un véritable culte qui développe un commerce malhonnête de fausses reliques.
De nos jours, Les chercheurs analysent encore, aidés par des moyens techniques perfectionnés, des reliques telles que le linceul de Turin ou le suaire d’Oviedo, pour en déterminer l’authenticité.

Et l’Europe dans l’Art roman ?

Charlemagne veut donner à son empire la grandeur de Rome et de Ravenne. Son grand-père avait mené les armées de l’Europe, il a donné naissance à une Europe unifiée sous la bannière de l’Eglise, dont l’Art, surtout l’architecture, la peinture et la sculpture a été la traduction de cette foi unificatrice.