Sienne. Aux origines de la Renaissance.

Dans l’article relatif aux siècles de la Renaissance, quelques lignes sont consacrées à Sienne, pour marquer son importance dans l’Histoire de la Renaissance. Nous n’avons pas insisté parce que si Sienne a été le berceau de ce courant, elle a rapidement été éclipsée par sa rivale Florence.
L’exposition de Rouen rend hommage à cette ville du trecento et du quatrocento et à ses artistes.
Historique
Sienne est fondée par l’empereur Auguste. Elle se développe considérablement pour devenir ville indépendante au XIIe siècle. Elle est située sur une des routes commerciales des plus importantes, reliant Rome au reste de l’Europe. Au XIVe siècle, elle connait un essor économique et politique qui favorise son développement culturel.

C’est une ville gibeline, c’est à dire qu’elle est plus favorable au pouvoir du Saint Empire qu’au pouvoir papal, contrairement à sa voisine et rivale Florence. Les deux républiques s’affrontent en 1260 à Monteperti et Sienne en sort victorieuse. En remerciements de cette victoire, la ville se place sous la protection de la Madone et lui rend un culte à travers les nombreuses commandes passées aux peintres.

Simone Martini. Vierge à l’enfant.

Une politique originale
De 1287 à 1355, Sienne est dirigée par un conseil appelé le "gouvernement des neuf".
Il se compose de neuf citoyens élus pour deux mois par tirage au sort. Ils vivent isolés dans le Palazzio Publico, le temps de leur mandat et ne peuvent être réélus qu’après vingt mois.
La période de paix du gouvernement des neuf s’achève avec la peste noire de 1348 qui décime une partie de la population en Toscane et en Europe. les conséquences économiques entrainent la chute du gouvernement des neuf.

L’école siennoise en peinture
Au Moyen-Âge, les peintres ont un statut d’artisan. Nous l’avons vu dans l’article concernant l’Art gothique, dès le XIVe siècle leur situation évolue. certains acquièrent une renommée et sont appelés par les princes et les aristocrates pour embellir des églises, comme une offrande. Malgré ce prestige, les peintres doivent continuer à être membres de leur corporation.
La production artistique commence bien avant l’ouverture en 1260, d’une école siennoise avec ses caractéristiques. C’est très progressivement qu’elle se libère de l’influence byzantine.
Guido Da Sena et Duccio peignent des visages plus humains, plus expressifs. Duccio utilise des couleurs plus douces et des jeux d’ombres pour plus de réalisme.
L’Eglise leur commande des retables, des diptyques et triptyques pour enseigner l’Histoire sainte aux analphabètes très nombreux.

Simone Martini et les frères Lorenzettisont des élèves de Duccio. Ils gardent le sens de la composition, la douceur des couleurs et l’élégance des lignes. Simone Martini accentue le raffinement, ce qui lui vaut une renommée hors de Sienne, hors de l’Italie puisqu’il se rendra au palais des papes d’Avignon.

La légende dorée de Jacques Voragine, raconte la vie des saints ou cite ce qu’ils enseignaient et devient une source importante d’inspiration pour les artistes.
Ambrogio lorenzetti, en lutte contre l’influence de Florence, a un style particulier pour peindre la société dans ses moindres détails. (fresque du bon et du mauvais gouvernement)
Giovanni di Paolo présente une vision du paradis après le jugement dernier, plus proche de la vie terrestre que de toute autre allégorie.

Giovanni di Paolo. Le jugement dernier.

A la fin du XVe siècle, les peintres sont toujours sous l’influence de leurs maitres du trecento. On peut y voir un souhait de s’affirmer face à Florence mais c’est aussi la raison pour laquelle Florence est entrée dans le mouvement de la Renaissance en Europe tandis que Sienne appartenait toujours au Moyen-Âge.