Danger lecture consacrée à Marguerite Duras. Danger lecture consacrée à Marguerite Duras.

mardi 12 mai 2015 par Elisabeth

"La douleur" n’est pas un roman mais une autobiographie qui relate l’attente des familles des prisonniers des camps en 1945 et la douleur ressentie lorsqu’ils arrivaient amaigris, diminués, humiliés.
Robert Anthelme, le mari de Marguerite Duras, communiste et Résistant, a été arrêté par la gestapo et envoyé à Dachau.
Dès avril 1945, les camps de concentration dont on découvre l’horreur, sont peu à peu libérés par les Américains ou les Russes. En France, les services sociaux reçoivent les déportés et les familles en attente, à l’hôtel Lutetia. Une première partie de "la douleur", raconte cette attente interminable avec les fausses nouvelles que l’on ne sait pas démêler des vraies, les espoirs, les déceptions...La seconde partie est consacrée au retour de Robert Anthelme. Il pèse trente-huit kilo pour un mètre soixante-dix-huit. il est méconnaissable. Marguerite hurle en le voyant et se réfugie chez des voisins. Malgré cet accueil, elle va le soigner pendant des mois, avec courage. Elle écrira que "la douleur"est l’oeuvre de sa vie. Elle se demande comment elle a pu trouver les mots pour exprimer la douleur de l’attente et de l’incertitude puis celle de la découverte de ce qu’avait vécu son mari et tant d’autres.
L’attente, nous la retrouvons dans "le marin de Gibraltar". L’héroïne est une riche veuve Américaine qui possède un yacht. Elle erre de port en port à la recherche d’un homme qu’elle aurait aimé. Tantôt, elle croit l’apercevoir, tantôt on lui a dit qu’il était à tel endroit et elle s’y rend en vain. Pour passer l’ennui, elle boit ; whisky, grands vins...Un jour, dans un petit port d’Italie, elle rencontre un fonctionnaire français en rupture. Il veut rompre avec sa compagne et sa vie de fonctionnaire. Il embarque sur le yacht où il devient l’amant et confident de la riche Américaine. C’est un roman de presque quatre cents pages dans lequel il ne se passe rien. On attend.On s’ennuie, les personnages s’ennuient, pas le lecteur.Le style Duras avec sa poésie, le rythme de ses phrases et les anaphores berce le lecteur qui attend et voyage.
Dans les " petits chevaux de Tarquinia", deux histoires s’entremêlent. En bas, dans le petit village de pêcheurs, cinq personnages et un enfant sont en vacances : un couple d’Italiens qui reçoit un couple d’amis français avec leur enfant et une amie célibataire.
En haut, dans la montagne, un jeune soldat démineur vient de mourir. Ses restes sont mis dans une petite caisse. Ses parents qui sont venus sur place refusent de signer l’acte de décès, surtout la mère qui nie la mort de son enfant. Les amis en vacances s’ennuient. Heureusement arrive un inconnu avec un bateau ! Il va apporter un but à ces journées monotones : les promenades en bateau. On attend le moment de la baignade. Le temps passe et la mère du soldat finit par signer l’acte de décès. Les vacanciers vont voir "les chevaux de Tarquinia" oeuvre étrusque, placée à présent au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Le Whisky est remplacé par le bitter campari mais comme il fait chaud, on boit.
"Le ravissement de Lol.V.Stein" raconte l’histoire d’une jeune fille dont le fiancé est tombé amoureux d’une inconnue, lors d’un bal. Elle fait une entrée remarquée dans la salle. Tous les regards se tournent vers cette jeune fille que personne ne connait. Son regard croise celui du fiancé de Lol..V. Stein, ils se dirigent l’un vers l’autre, subjugués et ils quittent ensemble le bal.
Le narrateur est un témoin de cette scène. Il sait montrer au lecteur la douleur ressentie par Lol qui ne s’en remettra jamais malgré les apparences d’une vie ordinaire.
La scène du bal est relatée, relatée, revécue, revécue...Le rythme est lent parce qu’au fond d’elle-même Lol s’ennuie et repense sans cesse à cet abandon humiliant du bal.
Comme dans les romans précédents, on retrouve la mer, la moiteur de l’été, l’évocation permanente de l’Indochine transposée en Europe ;
Les points communs de ces quatre oeuvres, l’attente de quelque chose qui ne vient pas, la douleur permanente d’un vécu difficile, la mer, le bateau, partir, une ambiance calfeutrée et moite.
Sabine, nous a présenté "Heureux les heureux" un roman de Yamina Reza composé de petits riens de la vie quotidienne où chacun peut reconnaitre un moment vécu ou similaire.



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