La petite chartreuse La petite chartreuse

samedi 26 juillet 2014 par Elisabeth

C’est l’accompagnement d’une étudiante qui m’a menée à lire ce roman. Le titre est joli et la quatrième de couverture engageante mais ne connaissant pas Pierre Péju, je n’aurais peut être pas eu l’idée de le lire.
Il a obtenu le prix du livre France-inter en 2003. ce que justifie un grand nombre de qualités.
La première, c’est l’originalité du personnage principal. Une sorte de héros rabelaisien, un géant dans le monde des petits hommes, une mémoire colossale et un appétit gargantuesque de livres. Il sait par coeur des livres entiers, romans, poèmes, contes...
Sa taille, ses cheveux roux presque rouges, ses cheveux de feu l’isolent dès son enfance. Il est la risée de sa classe parce qu’il est gros, grand, roux et qu’il lit tout le temps. de plus, il peut réciter ce qu’il a lu. Naturellement, il devient libraire.
Un jour de pluie, il renverse une petite fille qui traverse en courant sans regarder. La petite est gravement blessée et reste des mois dans le coma. Vollard, le libraire va la ramener à la vie en lui récitant tous les jours des extraits de romans ou contes qu’il sait par coeur.
Symboliquement, on voit le rôle bénéfique que peut jouer la littérature sur une vie.
Autre symbole très fort, la librairie prend feu et ce qui détruit les livres ne sont pas les flammes mais l’eau utilisée pour éteindre le feu. L’eau du déluge, de la purification, du baptême, du renouveau, donc d’une nouvelle littérature, celle du XXIe siècle.
Jusqu’ici tout va bien. Ensuite, dans un petit roman d’à peine deux cents pages, dont le thème principal est la littérature et les plaisirs et bien-être qu’elle peut apporter, on s’éloigne trop vite du sujet. Dès la page 140, il n’en est plus question.
La mère de la petite Eva devant s’absenter, vollard se substitue à elle, sur sa demande pour s’occuper de l’enfant qui est est sortie du coma. A partir de ce moment plus de lectures, plus de récitations sauf un jour le héron de La Fontaine. Pour la distraire, Vollard emmène l’enfant dans la montagne autour du centre de rééducation où elle est soignée.
Ces promenades dans le massif de la Chartreuse deviennent des intruses dans ce monde de la littérature créé initialement ; s’ajoute à cela un saut à l’élastique périlleux de Vollard, acte entièrement gratuit, hors sujet.
La mère de la petite Eva est un personnage intéressant qui n’a pas sa place dans ce roman. Une jeune femme devenue mère trop tôt. Une jeune femme déjà déçue par la vie. Elle cherche à fuir, elle roule toute la journée sans but ; en voiture, en train, fuir. Elle ne lit pas.
Eva meurt. Vollard se suicide.
On a l’impression que l’auteur ne sait plus quoi faire des ses personnages, en particulier d’Etienne Vollard, personnage gigantesque, hors du commun.
En conclusion, Pierre Péju soulève des lièvres mais il manque son tir et le lecteur qui avait de la sympathie pour ces lecteurs de fiction comme Etienne Vollard, Madame Pélagie, Boncassa se sent frustré quand la littérature disparait du roman .
Une nouvelle littérature ? De quoi serait elle faite ? on est loin des "faux monnayeurs", Gide posait les jalons du "Nouveau Roman".



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