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Les 10 mots de la Francophonie Les 10 mots de la Francophonie

mardi 29 avril 2014 par Dominique M, Elisabeth, Jacqueline, Marie No, Marylène, Myriam, Sabine

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Consigne pour la francophonie

Chaque année, au mois de mars, je propose un travail à partir des dix mots de la francophonie.
Le travail n’est jamais le même. En 2013, il fallait introduire les mots dans un voyage semblable à celui de Proust lorsqu’il se rendit à Balbec pour la première fois.
Cette année, il fallait d’abord tirer au sort une phrase extraite du jeu philosophique de Frédérique Epelly, « les Eléonides », puis ajouter d’autres phrases contenant les dix mots du cru 2014 :ambiancer, charivari, enlibrer, faribole, ouf, timbré, tire-larigot, tohu-bohu, hurluberlu,, zig zag.

Dominique M

Plus on s’approche de la lumière, plus on connaît plein d’ombres.(Christian Bobin).

Qu’importe le moyen, pourvu que l’on s’enivre, me disait ma voisine, un peu timbrée sur les bords. Je lui répondais que plus on se prend au sérieux, plus la faribole s’impose pour s’aérer la tête !
J’ai toujours pensé que plus on range sa vie, plus le charivari nous détend. D’ailleurs mon autre voisin, si posé, si sérieux jusqu’à ce que sa femme le quitte est devenu un véritable hurluberlu, drôle et bien plus fréquentable qu’avant ! Il m’a confié qu’il avait toujours marché droit dans ses bottes, formaté et avec des œillères et que le départ de son épouse (qui, entre nous, zigzaguait depuis un certain temps) l’avait libéré.

Avec ma voisine et mon voisin, on s’est fait une soirée tohu-bohu : plus on buvait à tire larigot, plus la fête devenait ouf. La musique, les bons petits plats et la rigolade ont ambiancé comme jamais.
La soirée terminée, je me disais que plus on fait les fous, plus on se reconnaît, au fond de nous, remplis de blessures à guérir ; et comme l’écrit Christian BOBIN, « plus on s’approche de la lumière, plus on connaît plein d’ombres ».

Elisabeth

Des habitudes viennent les différences (Confucius).

Mais ou et donc or ni car je ne me reconnais pas dans ce charivari de mots. Quel est l’hurluberlu qui a fait entrer à l’Académie des néologismes inventés par un enfant de CM2 ; pertinents, certes ! Mais fallait-il admettre dans le dictionnaire « enlibrer » ? Pourtant, c’est bien ce qui m’arrive quand j’ouvre la porte d’une librairie ; je m’enivre de parfums, de couleurs, de papiers aux textures différentes, j’entends le murmure des mots je dévore dans ce tohu-bohu des phrases énigmatiques « des habitudes viennent les différences », des vers qui font rêver à tire larigot, des titres inquiétants, des titres de ouf comme disent les Jeunes. Certains donnent envie de lire le roman, d’autres font grimacer.
Ne nous égarons pas. Revenons à la Francophonie. Que devient-elle dans ce jargon de DJ ? « Ambiancer » ! Pire que s’enlibrer ! Il faut être timbré pour inventer de telles expressions ! C’est trop long à écrire en SMS créer une ambiance ? Cela ne ressemble même pas à une onomatopée, comme zig zag qui dit bien ce qu’il veut dire. Dans enlibrer, on trouve la poésie du livre, du verbe, de l’image, Baudelaire, Rabelais ; mais ambiancer ? Ça rime à quoi ?
Après combien de fadaises et de fariboles en sont-ils arrivés là ?
« Des habitudes viennent les différences » affirmait Confucius je suis peut- être différente mais je ne suis pas habituée.

Jacqueline

La liberté ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut mais de vouloir ce que l’on peut (JP Sartre).

C’était la première fois que les parents partaient pour deux jours sans leurs enfants. Un événement dans la famille Gobert ! Le paternel se crut obligé de leur faire ses recommandations sur ce ton sentencieux qui avait le don de les exaspérer : « Mes chers enfants, je compte sur vous pour vous conduire correctement. Ne faites pas les hurluberlus ! Et rappelez-vous cette phrase du philosophe : « La liberté ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut mais de vouloir ce que l’on peut ».
Ouf ! Les voilà partis. A peine la porte refermée, ce fut un joyeux charivari. Les trois sœurs se racontaient des fariboles tandis que le garçon, pour ambiancer la soirée, sortit une bouteille que le père gardait pour une grande occasion. Comme il se doit, ils burent à tire larigot. L’aînée qui supportait mal l’alcool et fut tout de suite enivrée monta sur la table et se mit à danser en zigzag sur un air de cha-cha-cha. Les trois autres tournaient autour d’elle en hurlant comme des sioux autour d’un totem.
La fête battait son plein lorsque tout à coup la voix bien timbrée et très reconnaissable de la concierge se fit entendre : « Non mais c’est pas bientôt fini ce tohu bohu ? Attendez un peu le retour de vos parents. Cela fera du bruit dans Landerneau ! ».
Loin de les dégriser la diatribe de la concierge les excita encore plus et, sans même ouvrir la porte, ils lui crièrent en chœur : La liberté ce n’est pas de vouloir ce que l’on peut, mais de pouvoir ce que l’on veut !

Madeleine

Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre (Saint Anselme).

Il était une fois un hurluberlu qui chantait dans la rue.
Il ne faisait ni chaud ni froid, la rue était déserte et l’homme débitait des âneries à tire larigot, aucune âme qui vive pour l’écouter ou lui tenir tête, il déclamait haut et fort pour s’ambiancer et esquissait de temps à autre un pas de danse qu’il répétait comme un malade.
Jusque-là, ses fariboles ne faisaient rire personne mais le mettaient de bonne humeur. Comme il se trémoussait depuis le matin à s’enivrer de mots et de piquette, il finit par attirer quelques badauds qui firent farandole autour de lui. Le joyeux tohubohu se propagea jusqu’ au commissariat de police tout proche. Le commissaire Jacob de Saint Anselme en personne sortit pour calmer le charivari et rétablir l’ordre public. Il s’empressa d’interpeler le zigoto complètement timbré qui s‘agitait tout près de son perron ; l’homme bien imbibé mais encore leste prit la fuite en zigzagant comme un beau diable et disparut si brusquement que tous crurent à un miracle, Dieu en personne l’avait sans doute rappelé à lui !
Le commissaire de Saint Anselme tranquillisé fit « ouf ! » et rentra serein dans son commissariat, les badauds déçus se dispersèrent et Anselme bien renseigné sur les choses de l’au-delà et pourtant convaincu de l’immanence du destin humain, déclara à ses subordonnés pensifs : « Je ne cherche pas à comprendre pour croire, je crois pour comprendre ».

Marie Noëlle

La source du fleuve Yosthino

Si vous cherchez la source du fleuve Yosthino, vous la trouverez dans les gouttes d’eau sur la mousse (proverbe japonais).

Dans le style de Shakespeare, (Songe d’une nuit d’été).

Quel charivari ! S’exclamèrent les douces pervenches, troublées dans leur sieste parfumée.
C’était encore cet hurluberlu qui rôdait dans leur clairière au bord du fleuve Yosthiro. Il s’enivrait du parfum des violettes, et des pavots. Ses zigzags leur tournaient la tête. Mais, en réalité, il n’était pas aussi timbré qu’il le paraissait. En réalité, à sa manière, il cherchait depuis longtemps la source du fleuve Yosthiro. Elle était proche, il le savait, il le sentait, proche mais invisible. Pour la découvrir, il était prêt à tout : s’enfoncer dans les entrailles de la terre, remonter des rapides infranchissables, pénétrer, au péril de sa vie, dans les gorges profondes. Mais il avait besoin d’un indice et seul le génie du fleuve pouvait l’orienter sur la bonne piste. Son tohubohu avait donc un but : ambiancer la clairière à tire larigot pour pousser à bout le génie du fleuve, qui, de guerre lasse, serait bien obligé, à moins de devenir zinzin, de lui livrer son secret.
Et il obtint ce qu’il cherchait : à bout de nerfs, le génie sortit de sa cachette et explosa :
- Arrête tes fariboles et ton tohubohu. Je vais t’éclairer et te révéler la vérité mais tu risques d’être fort désappointé. Et le sage prononça la phrase suivante :
« Si tu cherches la source du Yoshtiro, tu la trouveras dans les gouttes d’eau sur la mousse ».
Et l’hurluberlu, éberlué, dit : « Ouf ! », mais il était fort déçu.

Dans le style littérature japonaise

Il remontait le fleuve Yosthino depuis des heures. Sa quête qui l’enivrait, n’avait qu’un seul but : découvrir la source du fleuve. Tout le monde le taxait d’hurluberlu. Personne ne croyait à ses fariboles. Mais il continuait à explorer la montagne et à suivre le cours d’eau qui cascadait en zigzag. Il montait, il montait et le fleuve se divisait en multiples ruisselets. Quel était le bras à l’origine du Yosthino ? Celui-là ou celui-ci ?
Découragé, il s’assit au pied d’une cascade dont le charivari l’assourdissait. Il contempla le vaste paysage qui l’entourait. C’était magnifique ! Son regard se posa sur la mousse à ses pieds : elle était couverte de fines gouttelettes d’eau qui scintillaient. L’argenté de l’eau et le vert de la mousse se mariaient admirablement et la rondeur des gouttes faisait écho au velouté de du lichen. Un grand calme l’envahit. Sa frénésie l’avait quitté et il comprit que sa quête était terminée. De retour dans la vallée, il fut considéré comme un sage. Et son enseignement se réduisit à cette sentence : « Si vous cherchez la source du fleuve Yosthino, vous la trouverez dans les gouttes d’eau sur la mousse ».
Il apprit plus tard qu’en Europe, on disait, comme Epicure : « Carpe diem » et en Nouvelle Calédonie : « Casse pas la tête ».

Dans le style, pamphlet de Voltaire moderne

Pour moi, c’est vrai, il y a deux camps : les explorateurs et les contemplatifs.
Les premiers veulent toujours tout savoir, tout comprendre, connaître l’origine de toutes choses, chercher le pourquoi du comment. Ils se lancent comme des timbrés dans des voyages extraordinaires. Ils zigzaguent sur les mers pour découvrir de nouveaux continents. Dans le tohu-bohu, ils défendent à tirelarigot leurs théories. Ils s’enivrent de certitudes vite caduques et quoiqu’ils en disent, ils ne trouvent jamais la source.
Les deuxièmes se contentent de ce que leur offre le temps présent et s’estiment trop peu pour chercher l’origine des choses. Ils regardent couler le fleuve, ils contemplent les gouttes de rosée sur la mousse. Ils pensent au proverbe japonais : « « Si vous cherchez la source du fleuve Yosthino, vous la trouverez dans les gouttes d’eau sur la mousse ».

Mais tout ce que je vous dis, ce ne sont que fariboles.

Myriam

« la perfection d’une pendule n’est pas d’aller vite mais d’être réglée »
Vauvenargues

« Vingt carrosses bientôt arrivant à la file
y sont encore moins de rien suivis de mille
Et pour surcroît de maux, un sort malencontreux
Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs
Dans ce tohu-bohu, pour s’y faire ouïr,vraiment !
Zeus avec tous ses éclairs, tonnerait vainement
le diable avec son charivari n’eut pu couvrir ce bruit !
Et moi je deviens fol à me jeter dans un puits »
Attribué à Boileau « Les Embarras de Paris »

− Retraite, mon cul , moi c’est pas pour la retraite que j’veux faire institutrice !
− non, bien sûr, on s’en doute, dit Gabriel.
− alors, c’est pour quoi , demande Charles qui commence à s’énerver au volant de son taxi au milieu des embouteillages parisiens,
− c’est pour faire chier les mômes !
− elle est pas un peu timbrée, ta nièce, Gabriel ?
Attribué à Raymond Queneau « Zazie dans le Métro »

« Huluberlu soit qui ,mal y pense » proverbe anglais non homologué par la cour d’Angleterre.

« Pour ne pas sentir l’horrible fardeau de la pendule bien réglée, il faut vous enivrer sans trêve . Mais de quoi ? De rhum, de chanson ou de vice à votre guise,mais enivrez-vous ! »
Brouillon retrouvé d’un petit poème en prose de Baudelaire.

« Ouf, ma pouffe,
quand tu pouffes,
tout est ouf ! »
Slameur 2007

« Beuveurs très illustres et vous Vérolez très précieux !
Car à vous et non à aultres sont dédiez mes escriptz,
usez-en sans ménagement ni ladrerie, sans vergogne,
et pour tout dire : à tire-larigault ! »
Relecture de Rabelais Gargantua

« Ben, ya pas d’zig-zag, vos classiques, ça ambiance moins qu’un DJ avec une panne d’électricité. »
Gamma Bruno, DJ du Top 10.

« Les paresseux ont toujours envie de faire quelque chose. » de Vauvenargues

Sabine

En fait, nous ne voyons jamais les choses telles qu’elles sont, nous les voyons telles que nous sommes (Anaïs Nin).

Regarde- moi un peu ce charivari… Es-tu bien sûr qu’il s’agisse d’une horde de singes ? Espèce de timbrée, tu t’es encore enivrée et tu ne discernes même plus la bande de tes copains.
D’accord, ils sont tous agglutinés sur les branches de ce gros tilleul en faisant un tohubohu infernal. Il y en a même un qui cherche des poux à son voisin, tout en lui racontant des fariboles.
Ouf, ils descendent tous de l’arbre en zigzag. Auraient- ils bu aussi ? Ils ambiancent complètement l’espace. Des singes, des copains ?
« En fait, nous ne voyons jamais les choses telles qu’elles sont, nous les voyons telles que nous sommes » (m’a confié Anaïs Nin !).


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